Cryptomonnaies et Big Money : L’avenir est-il vraiment décentralisé ?
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Sceptiques au départ, les grosses institutions financières traditionnelles amassent désormais de très grosses quantités de cryptomonnaies, le bitcoin en premier. De même, plusieurs gros acteurs ajoutent désormais des ETF bitcoin à leurs palettes d’offres. Dans un contexte inflationniste sévère, le bitcoin apparaît de plus en plus comme une sorte d’or digital, une valeur refuge. L’appétit grandissant des acteurs de la finance traditionnelle pour les cryptomonnaies malgré sa forte volatilité favorise certainement la crédibilité et l’adoption. Cependant, il faut craindre la concentration des cryptomonnaies chez les investisseurs institutionnels. En effet, ces grandes entreprises, « le Big Money » sont capables d’acheter ou de vendre plusieurs centaines de millions de dollars de cryptomonnaies en un coup. Elles peuvent donc, en une seule transaction, faire trembler le marché crypto, faire varier les tendances et fausser les prédictions. A l’allure où vont les choses, le marché crypto sera-t-il toujours décentralisé ?

L’appétit des investisseurs institutionnels pour les cryptomonnaies
Vous avez déjà entendu parler des Big Money ? Sinon, jetez un coup d’œil à Wall Street. Vous verrez toutes ces grandes entreprises brassant plusieurs millions de dollars et qui peuvent faire basculer le cours des actifs en une seule opération. Depuis le halving du bitcoin de mai 2020 et les effets de la pandémie du coronavirus sur les taux d’intérêt, le Big Money s’intéresse de plus en plus au bitcoin.
Même lorsque son cours était passé de 65 000 dollars en avril 2021 à 30 000 dollars en juillet, la demande institutionnelle est restée forte. Et si l’adoption crypto est une cause commune dans l’espace crypto, l’implication des investisseurs institutionnels dans le marché crypto est de plus en plus importante. Plusieurs rapports indiquent que de plus en plus d’investisseurs institutionnels allouent une part de leurs portefeuilles aux actifs numériques.
La plupart de ceux qui ne l’ont pas encore fait comptent le faire dans un avenir proche et estiment que les cryptos devraient faire partie de leur stratégie de diversification. Ainsi, en fin 2020, les institutions de gestions d’actifs avaient investi près de 15 milliards de dollars dans les cryptomonnaies.
Les gros investisseurs institutionnels ayant une exposition directe ou indirecte au bitcoin comprennent entre autres Grayscale, BlackRock, Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley, Tesla, MicroStrategy Inc., etc.
Évidemment, voir ces gros acteurs investir dans les cryptomonnaies est très positif. Cela renforce la légitimité des cryptomonnaies et participe à l’augmentation de la valeur des actifs crypto. Cependant, connaissant le pouvoir des baleines sur le marché, la menace d’une centralisation des cryptomonnaies ne doit pas être écartée.
L’impact du Big Money sur la décentralisation
En dépit du dynamisme et de la légitimité que le Big Money offre au marché crypto, son implication pourrait représenter un risque pour la décentralisation. En effet, la décentralisation suppose l’absence de tiers de confiance et d’autorité centralisateur. L’utilisateur crypto doit être le seul à détenir ses clés privées et à avoir le contrôle sur ses actifs. Si ce principe fondateur se trouve altéré, les cryptomonnaies perdent leur fondement.
Évidemment, quand on s’en tient à l’architecture logicielle qui sous-tend la technologie crypto, la décentralisation restera inébranlable. A priori, aucune partie tierce ou autorité centrale ne sera jamais nécessaire pour l’émission des cryptomonnaies ou pour la validation des transactions crypto.
Cependant, la décentralisation sera clairement compromise si un groupe d’investisseurs en arrivait à détenir le monopole du réseau Bitcoin. Le prix des cryptomonnaies pourrait alors fluctuer au gré des envies de quelques investisseurs institutionnels détenant des volumes massifs de cryptomonnaies.
Ils pourraient essayer de stimuler une augmentation ou une baisse artificielle de la valeur des cryptomonnaies afin de tirer de gros bénéfices de leur vente ou de leur acquisition. Cela reste l’une des principales faiblesses du bitcoin et des autres cryptomonnaies. Prenons quelques exemples pour mieux appréhender l’importance du risque que représente l’existence d’un monopole sur le réseau bitcoin.
Le cas SpaceX
Jusqu’à très récemment, l’entreprise SpaceX d’Elon Musk était l’un des plus gros détenteurs de bitcoin. Imaginez qu’il a fallu une rumeur relative à la vente par SpaceX de 75% de ses avoirs en bitcoins pour que le marché du bitcoin subisse une baisse notable. L’événement s’est produit en août de cette année.
La cryptomonnaie mère, qui faisait alors son retour en force, a subitement vu sa tendance à la hausse se freiner. Son cours est rapidement passé de 30 000 à 25 000 dollars. A son tour, cette baisse a provoqué la liquidation de plus d’un milliards de dollars de positions en moins de 24 heures. Plusieurs autres cryptomonnaies, y compris l’ether, ont vu leurs cours chuter drastiquement dans la foulée.
Le cas BlackRock
Vous avez certainement entendu parler de la procédure de demande d’approbation d’ETF Bitcoin au comptant de BlackRock. Cette démarche avait provoqué l’explosion de la valeur du bitcoin. Pour la petite précision, BlackRock est l’une des 16 sociétés de gestion d’actifs ayant une exposition aux cryptomonnaies.
L’entreprise gère près de 9 500 milliards de dollars d’actifs. Selon Glassnode, l’approbation de sa demande d’ETF bitcoin au comptant pourrait provoquer l’entrée de 150 milliards de dollars sur le marché du bitcoin.
Big Money et les cryptomonnaies : comment protéger la décentralisation ?
Il est évident que seule une réglementation claire et précise peut permettre de contrôler les agissements du Big Money sur le marché crypto. Considérant leur puissance financière, les grandes institutions financières ont plus de facilité à financer des projets crypto et à promouvoir des services. Ils pourraient donc considérablement influencer l’environnement des produits et des services crypto
D’ici à quelques années, il est possible que les investisseurs institutionnels et les grandes institutions financières détiennent le monopole des cryptomonnaies. Vu leur implication de plus en plus profonde dans les cryptomonnaies, cette possibilité ne peut pas être écartée. Dans ce cas, on serait dans une situation de « retour à la case départ ». Le marché crypto, créé pour offrir une alternative au système financier traditionnel, se retrouvera à nouveau sous le contrôle des acteurs du même système.
En gardant cette éventualité en perspective, il peut être temps que la communauté crypto et les exchanges crypto s’organisent pour éviter un avenir crypto centralisé. Même si elle peut paraître radicale et contraire au principe de la liberté, il serait peut être utile de trouver une réglementation interne qui permettra de limiter la concentration de volumes trop massifs d’une même cryptomonnaie auprès d’un même investisseur.
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